Bernard Joseph - Des personnes, des choses

Aborder un territoire c’est nécessairement prendre en compte les gens qui y habitent, y exercent une activité professionnelle, culturelle, associative, politique…

De nombreux travaux précédents produits dans le cadre de la Mission Lance Ventoux recèlent, parfois en filigrane, une forte présence humaine.

Avant le premier confinement, je me suis proposé d’aller à la rencontre de la population de la Drôme provençale et de réaliser des portraits afin de donner une image actuelle du territoire et de ses habitants.

Ce projet s’inscrit dans ma pratique du portrait en lumière du jour et dans l’expérience du diptyque, l’idée étant de proposer à chacun.e de choisir un objet « fort » « auquel il /elle tient tout particulièrement » que je photographie à part dans le même environnement. L’objet retenu ne doit pas être un simple accessoire lié, comme chez August Sander, à la profession du sujet[1]. Il accède à une autonomie, il est un véritable portrait désincarné.[2]

La juxtaposition du portrait et de l’objet doit parvenir à un équilibre pour dire la personne, dans un rapport complexe. Les diptyques peuvent donner lieu à des récits, des histoires entières. Beaucoup y invitent, ils sont l’amorce d’une « comédie humaine » drômoise contemporaine.

Les enjeux de ce travail ne visent pas à constituer une enquête sociologique, mais ne négligent pas pour autant la dimension sociale en veillant à élargir le premier cercle des connaissances personnelles. Chaque prise de vues part d’une proposition de rencontre, de partage d’un moment avec la volonté d’impliquer chacun.e dans le projet et avec le souci de faire appréhender l’architecture globale de la Mission Lance Ventoux.

Bernard Joseph – 2023

[1]  Voir « L’apprenti maçon », « Le pâtissier », « Le manoeuvre »… in August Sander Hommes du XXème siècle.

 Siehe den „Mauergesellen“, 1929, den Konditor“, 1928,, den „Handlanger“, ca 1928 in August Sander, Antlitz der Zeit

[2]  Pour illustrer mon intention je renvoie à deux photographies de Bernard Plossu : « Nikkormat » (Salina, 1988),  « Le film épinglé » (La Ciotat, 2002)    que l’auteur considère comme des autoportraits.

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